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niquèrent aussi les principes de la religion romaine, autant du moins qu’ils avaient été capables de les prendre eux-mêmes dans l’île de Fuégo, dont ils étaient sortis. Mais un prêtre de cette île se sentit assez de zèle pour se faire conduire à Saint-Jean, où il s’efforça de cultiver ces premières semences de l’Évangile. Il baptisa tous les Nègres. À la vérité, on put douter de la bonté de ses motifs lorsqu’il parut exiger des récompenses trop mercenaires pour le service qu’il leur avait rendu. Il tira de l’un des étoffes de coton, de l’autre du coton cru et de l’indigo, enfin de chacun ce qu’il avait de meilleur, jusqu’aux bestiaux, dont il se fit donner une grande partie ; et, quittant l’île, il accorda pour dernière faveur aux insulaires une messe, qu’il leur dit dans une caverne de la baie, qui en a pris le nom de Fuerno del Padre. Il leur promit de revenir tous les ans, et cette promesse fut exécutée plusieurs années consécutives. Mais un jour qu’il était à leur dire la messe dans la même caverne, une partie du roc qui vint à se détacher ensevelit le prêtre et trente de ses assistons sous ses ruines. On entendit pendant trois jours le bruit de leurs gémissemens, sans qu’il fut possible de leur donner le moindre secours. Aussi l’île de Saint-Jean demeura long-temps sans aucun ministre ecclésiastique ; ce qui donna lieu à la naissance et au mélange de quantité de superstitions. Dans la suite du temps, l’évêque de San-Iago, ayant entrepris