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Roberts assure qu’avant la famine qui dépeupla plusieurs des îles du cap Vert, Saint-Nicolas avait plus de deux mille habitans, etque le nombre ne surpasse pas aujourd’hui treize ou quatorze cents. Ils ont un prêtre portugais pour le gouvernement ecclésiastique ; car ils font tous profession de la religion romaine. Ils sont tous ou noirs ou couleur de cuivre, avec les cheveux frisés.

Les femmes de l’île ont beaucoup plus de facilité à se servir de leurs mains et de leurs aiguilles que celles de toutes les autres îles ; celle qui se présente en public avec une coiffe sans broderie, dans le goût des femmes de Bona-Vista, est accusée de paresse et de grossièreté ; elles sont aussi plus modestes, et jamais on ne les voit paraître nues devant les étrangers, comme elles en ont l’habitude à Saint-Jean. Si elles ne sont point à travailler aux champs, on les trouve toujours occupées à coudre ou à filer.

C’est dans cette île de Saint-Nicolas qu’on parle la langue portugaise avec une pureté qui est rare dans les meilleures colonies de cette nation. Mais si les habitans ont cette ressemblance avec les Portugais par le langage, ils ne ressemblent pas moins à la populace du Portugal par leur inclination à voler les étrangers, et par leur soif du sang, lorsqu’ils sont animés par quelque sujet de haine. Ils se servent de leurs couteaux avec autant de cruauté que d’adresse. Roberts prouve leur goût pour