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la route de Mélinde, deux sambucques, ou bâtimens légers, qui croisent ordinairement sur les côtes. Il en prit une qui portait dix-sept Maures, et une assez grande quantité d’or et d’argent. Ce fut le premier butin que l’Europe ait fait dans la mer de l’Inde. On arriva le même jour devant Mélinde, à dix-huit lieues au nord de Monbassa. Les Portugais admirèrent la beauté des rues et la régularité des maisons bâties de pierres, à plusieurs étages, avec des plates-formes et des terrasses. On crut voir une ville d’Europe. La beauté des femmes de Mélinde était passée en proverbe dans le pays. La ville est peuplée de Maures d’Arabie, et des marchands de Cambaye et de Guzarate y apportent des épices, du cuivre, du vif-argent et des calicots, qu’ils échangent pour de l’or, de l’ambre, de l’ivoire, de la poix et de la cire. Le mahométisme est la religion dominante. Le millet, le riz, la volaille, les bestiaux et les fruits sont en abondance et à vil prix. On vante surtout les oranges de Mélinde pour la grosseur et le goût. La flotte fut visitée par des chrétiens de l’Inde venus de Cranganor. Le roi de Mélinde vint lui-même dans une grande barque, avec sa cour magnifiquement vêtue, et ses musiciens qui jouaient de leurs instrumens. L’amiral portugais alla au-devant de lui dans sa chaloupe, avec douze de ses principaux officiers. Il passa dans la barque royale, sur l’invitation du prince, qui le reçut avec de grands honneurs, et lui fit