Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas que ce travail leur ferait user plus d’habits qu’on ne leur offrait d’étoffe. Quelques-uns d’entre eux étant tombés malades de la fièvre dans ces circonstances, la frayeur des habitans, au seul nom de fièvre, leur fit obtenir la permission de mendier, à condition qu’ils ne fussent jamais absens de la ville plus de quinze jours ou de trois semaines, et qu’ils ne tournassent point leur marche du côté de la cour ni du Japon. Comme cette faveur ne regardait que la moitié de leur troupe, ceux qui demeurèrent dans la ville reçurent ordre de prendre soin des malades, et d’arracher l’herbe dans la place publique.

Le roi étant mort au mois d’avril, son fils monta sur le trône après lui, avec le consentement du khan. Les Hollandais continuèrent de mendier, surtout parmi les prêtres et les moines du pays, qui les traitèrent avec beaucoup de charité, et qui ne se lassaient pas de leur entendre raconter leurs aventures et les usages de leur pays. Le gouverneur qui arriva en 1660 leur témoigna tant de bonté, qu’il regrettait souvent de ne pouvoir les renvoyer en Hollande, ou du moins dans quelque lieu fréquenté des Hollandais, La sécheresse fut si grande cette année, que les vivres devinrent fort rares. La misère n’ayant fait qu’augmenter l’année suivante, on vit quantité de voleurs sur les grandes routes, malgré la vigueur avec laquelle ils furent poursuivis par les ordres du roi. La faim fit périr un