Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/123

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faire croire toutes sortes de fables, parce qu’ils ont beaucoup d’affection pour les étrangers, surtout leurs prêtres et leurs moines : ils sont d’un naturel efféminé, sans montrer dans l’occasion beaucoup de fermeté ni de courage ; du moins les Hollandais en prirent cette idée sur le récit de plusieurs personnes dignes de foi, qui avaient été témoins du carnage que les Japonais firent dans la Corée, lorsqu’ils en tuèrent le roi, et de la manière dont les Coréens se laissèrent traiter par les Tartares, qui avaient passé sur la glace pour s’emparer de leur pays. Wettevri avait vu toutes ces révolutions, et assurait qu’il était mort beaucoup plus de Coréens dans les bois que par le fer de l’ennemi. Loin d’avoir honte de leur lâcheté, ils déplorent le malheur de ceux qui sont obligés de combattre. On les a vus souvent repoussés par une poignée d’Européens lorsqu’ils voulaient piller un vaisseau que la tempête avait jeté sur leur côte : ils abhorrent le sang jusqu’à prendre la fuite lorsqu’ils en rencontrent dans leur chemin. Le pays produit quantité de plantes médicinales ; mais elles ne sont pas connues du peuple, et la plupart des médecins sont employés auprès des grands. Aussi les pauvres ont-ils recours aux sorciers et aux aveugles, qu’ils suivaient autrefois à travers les rivières et les rochers pour aller aux temples de leurs idoles ; mais cet usage fut aboli en 1662 par un ordre du roi.

C’est par la Corée que les Tartares mant-