Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/314

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parties du corps, principalement aux pieds, aux mains et au visage. » Arrivés au sommet de ces montagnes, les voyageurs avaient presque perdu la vue. Ils étaient sur les confins des immenses plaines du Thibet ; mais malheureusement ils ne pouvaient plus rien distinguer ; il leur était impossible de reconnaître les chemins et les passages fréquentés. Leurs yeux fatigués et éblouis ne voyaient partout que du blanc. Enfin ils revinrent sur leurs pas, furent rejoints par une caravane, et restèrent un mois et demi à attendre la fonte des neiges. Ensuite ils reprirent le chemin par lequel ils avaient déjà passé ; mais alors il était praticable.

D’Andrada reçut un accueil très-gracieux du roi de Thibet, s’insinua dans son esprit, et le trouva bien disposé à l’écouter. Charmé de ses succès, il partit pour Agra, où il fut de retour après sept mois d’absence, et revint au Thibet en 1626, avec cinq de ses confrères ; continua ses travaux, et fit bâtir une église. Le roi du Thibet, dont il avait gagné les bonnes grâces, s’était effectivement dégoûté de la religion des lamas, et songeait à la détruire. Mais son premier ministre et le dalaï-lama ayant instruit de ses projets le prince des Éleuths de Kokonor, celui-ci, à leur instigation, entra dans le Thibet avec une puissante armée, et s’annonça comme le sauveur de la foi. Il n’était pas difficile de prévoir l’issue de cette guerre. Le roi de Thibet fut vaincu en