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comme font quelquefois des ouvriers négligens ou ignorans ; mais on s’est servi de briques moulées exprès, et d’une forme et d’une dimension convenables. Le mortier qui lie les couches de briques est presque entièrement composé de chaux d’une blancheur parfaite.

La grande muraille ne semble pas avoir été construite pour servir de défense contre le canon, puisque les parapets ne pourraient pas résister aux boulets ; cependant le bas des embrasures des tours est semblable à ceux qu’on pratique en Europe pour placer les porte-mousquetons des arquebuses à crocs. Ces trous paraissent avoir été faits quand on a construit la grande muraille, et il est difficile de leur assigner un autre objet que celui de servir pour le repoussement des armes à feu. Les pièces de campagne que l’on voit en Chine sont, en général, montées avec des porte-mousquetons, auxquels ces trous conviennent fort bien ; et quoique les parapets ne soient pas faits pour soutenir le choc des boulets de canon de gros calibre, ils peuvent, fort bien résister à ces petites pièces. Cette observation confirme l’opinion que les Chinois ont depuis très-long-temps connu les effets de la poudre à canon.

La grande muraille continue encore à servir de ligne de démarcation entre la nation chinoise et la nation tartare. Quoique réunies sous la domination d’un même souverain, chacune conserve ses juridictions locales et distinctes.