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Tchao-ssien, dans la vue de mettre l’ordre dans sa famille, et pour faire connaître les désirs de son peuple.

« Moi, votre sujet, je suis un homme dont la destinée est peu fortunée ; je me suis vu long-temps sans héritier ; enfin il m’est né un enfant mâle d’une concubine. Sa naissance m’a causé une joie incroyable ; j’ai pris aussitôt la résolution d’élever la mère de ce fils : mais je fis en cela une faute qui a été la source de beaucoup de maux. J’obligeai la reine Min-chi, mon épouse, de se retirer, et je fis reine à sa place ma concubine Tchang-chi, comme je n’ai pas manqué alors d’en informer votre majesté ; mais faisant aujourd’hui réflexion que Min-chi avait été créée reine par votre majesté, qu’elle a gouverné long-temps ma maison, qu’elle m’a assisté dans les sacrifices, qu’elle a rendu ses devoirs à la reine ma grand’mère et à la reine ma mère, et qu’elle a porté le deuil de trois ans avec moi, je reconnais que j’aurais dû la traiter plus honorablement, et je suis extrêmement affligé de m’être conduit avec tant d’imprudence. Maintenant, pour me conformer aux désirs de mon peuple, je souhaiterais de rétablir Min-chi dans son ancienne dignité, et de faire rentrer Tchang-chi dans sa condition de concubine. Par ce moyen, le bon ordre régnera dans ma famille, et la réformation des mœurs commencera heureusement dans mon royaume.

» Moi, votre sujet, quoique par mon igno-