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on les remplit de sucre, et l’on prétend que le jus est un excellent cordial. Il y en a d’autres qui ont le goût aigre, et dont les Européens font usage dans les sauces. Navarette en vit une espèce dont on fait une pâte sèche, en forme de tablette, qui est également saine et nourrissante : elle est fort estimée à Manille, d’où elle se transporte à Mexico, comme une conserve très-friande.

Les limons et les citrons sont fort communs dans quelques provinces méridionales, et d’une grosseur extraordinaire ; mais les Chinois n’en mangent presque jamais ; ils ne les font servir qu’à l’ornement de leurs maisons, où l’usage est d’en mettre sept ou huit dans quelque vase de porcelaine, pour satisfaire également la vue et l’odorat. Cependant ces fruits sont très-bons au sucre, c’est-à-dire lorsqu’ils se sont bien candis. On fait aussi beaucoup de cas d’une sorte de limon qui n’a que la grosseur d’une noix ; il est rond, vert, aigrelet très-bon pour les ragoûts. L’arbre qui le porte se met dans des caisses pour l’ornement des cours, des salles et des maisons.

Outre les melons de l’espèce des nôtres, on en distingue deux sortes à la Chine : l’un, qui est fort petit et jaune au dedans, a le goût si agréable, qu’il peut se manger avec l’écorce, comme une pomme ; l’autre est le melon-d’eau, dont la chair fondante et sucrée étanche la soif et n’est jamais nuisible, même dans les plus grandes chaleurs. Cependant ces deux espèces