plupart des Yakoutes, lorsqu’ils sont obligés de faire un voyage un peu long par un grand froid, enduisent de cette espèce d’onguent toutes les parties dont on craint la congélation ; et tous assurent que, s’ils n’en sont pas entièrement garantis, cet enduit fait du moins que l’effet de la gelée n’est pas si prompt. Je ne répéterai point, les fables que le Suédois Strahlenberg a débitées sur leur compte ; mais je puis assurer, pour l’avoir vu, que les Yakoutes ont des mortiers fait de fumier de vache, consolidés par la glace, dans lesquels ils pilent du poisson sec, des racines, des baies, du poivre et du sel.
» La manière de vivre des Yakoutes ne diffère pas beaucoup de celle des autres nations de Sibérie, mais ils ont un usage dont il n’y a peut-être point d’exemple chez aucun autre peuple du monde : lorsqu’une femme yakoute est accouchée d’un enfant, la première personne qui entre dans l’yourte donne le nom au nouveau-né ; le père s’empare du placenta, le fait cuire, et s’en régale avec ses parens ou ses amis.
» Quoique nous fussions las de voir des sorciers et des sortiléges, on nous parla d’une jeune sorcière dont on racontait des prodiges, et M. Muller la fit venir ; elle avoua d’abord qu’elle était sorcière, et nous dit qu’elle avait porté son art au point qu’elle était en état, avec le secours du Démon, de se plonger un couteau dans le corps sans en être blessée le