une goutte d’eau pour une rivière, et ainsi du reste. Partout où il marche, il s’imagine rencontrer des obstacles insurmontables ; il se forme à chaque instant les plus terribles représentations d’une mort inévitable et prochaine. Les habitans du canton se servent souvent de cette plante pour se jouer des tours les uns aux autres, et les négocians russes en emportent, parce que c’est, à ce qu’ils prétendent, un remède souverain contre les hemorrhoïdes fluentes.
» Les glaces de la mer fondent presque toujours dans le même temps que l’Yéniséi dégèle à son embouchure, ce qui arrive communément vers le 12 juin. La mer est bientôt nettoyée, lorsqu’il souffle des vents de terre qui chassent les glaces. Une circonstance remarquable, c’est que, même après que les vents de terre n’ont pas cessé de souffler pendant quinze jours, on retrouve encore de la glace sur le bord de la mer, quand les vents de nord et de nord-ouest ont soufflé seulement pendant vingt-quatre heures, sans même être violens : ce qui semble indiquer que l’origine de cette glace ne peut être fort éloignée, et que le froid doit provenir ou d’une grande île ou d’un continent, et de la mer Glaciale. Cette dernière conjecture paraît confirmée par les navigations que les Russes ont poussées à plusieurs reprises jusqu’au 78e. degré de latitude septentrionale, point d’où les vaisseaux ne pouvaient pas pénétrer plus loin à cause des glaces.