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et au nord-est quelques colonnes lumineuses qui s’agrandissent peu à peu, et occupent un grand espace du ciel ; ces colonnes s’élancent avec beaucoup de rapidité, et couvrent enfin tout le ciel jusqu’au zénith, où les rayons viennent se réunir. C’est comme un vaste pavillon brillant d’or, de rubis, et de saphirs, déployé dans toute l’étendue du ciel. On ne saurait imaginer un plus beau spectacle ; mais quand on voit pour la première fois cette aurore boréale, on ne peut la regarder sans effroi, parce qu’elle est accompagnée d’un bruit semblable à celui d’un grand feu d’artifice. Les animaux mêmes en sont, dit-on, effrayés. Les chasseurs qui sont à la quête des renards blancs et bleus, dans les cantons voisins de la mer Glaciale, sont souvent surpris par ces aurores boréales. Leurs chiens en sont épouvantés, refusent d’aller plus loin, et restent couchés à terre en tremblant, jusqu’à ce que le bruit ait cessé ; cependant ces effrayans météores sont ordinairement suivis d’un temps fort serein. »

On n’avait depuis long-temps aucune nouvelle de M. de La Croyère : les trois professeurs, depuis leur séparation, avaient presque toujours suivi des directions opposées qui les éloignaient de plus en plus les uns des autres. On reçut enfin de lui une lettre qui marquait « que, vers la fin d’août 1737, il était parti par eau d’Yakoutsk , et qu’il avait eu le bonheur d’atteindre Simovie, situé à plus de douze cents verstes