Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/191

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j’aie pu découvrir la raison de cette distinction. Quant à la chair des rennes, ils la mangent toujours crue ; ils sont très-friands du sang de ces animaux : ils prétendent même que le boire tout chaud leur sert de préservatif contre le scorbut ; mais ils ne connaissent point l’usage d’en tirer du lait, comme plusieurs écrivains l’on dit sans fondement.

» Ils mangent de même le poisson tout cru, de quelque espèce qu’il puisse être ; mais, pour les autres sortes de viandes, ils préfèrent de les faire cuire, et comme ils n’ont point d’heures fixées pour leurs repas, il y a toujours une chaudière remplie de quelques viandes sur le feu, qu’ils entretiennent au milieu de leurs tentes, afin que chacun de ceux qui composent la famille puisse manger quand bon lui semble.

» À l’égard du nom de Samoïède, on n’est communément pas d’accord sur son étymologie. Les uns croient que ce nom répond à celui d’anthropophage, donné anciennement à ces peuples, parce qu’on les avait vus manger de la chair crue que l’on prenait pour de la chair humaine : d’où l’on avait inféré qu’ils mangeaient les corps morts de leur propre espèce aussi-bien que ceux de leurs ennemis, à la façon des Cannibales ; mais il y a long-temps qu’on est revenu de cette injuste erreur, et l’on sait même par la tradition de ces peuples que ce barbare usage n’a jamais subsisté parmi eux.