Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/209

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le pouvoir de l’amour, et n’omettent aucun des petits soins qui peuvent les conduire à leur but. Comme une seule femme ne leur suffit pas, ils en prennent autant qu’ils en peuvent entretenir. Dès qu’une femme a quarante ans, c’est une véritable vieille à leurs yeux, et ils ne l’approchent plus. Cependant, au lieu de renvoyer leurs douairières, ils les gardent pour avoir soin du ménage et servir la jeune femme qui est devenue la compagne et la femme du maître. Lorsqu’un Ostiak a le cœur pris, voici de quelle manière se font les demandes de mariage.

Un ami de l’amoureux va négocier avec le père de la fille, qui rarement l’estime moins de cent roubles : on porte cette parole, on marchande ; si l’amant consent au marché, il propose de donner en paiement différens effets, comme, par exemple, son bateau sur le pied de trente roubles, son chien pour vingt, ses filets pour le même prix, etc., jusqu’à ce que, suivant son estimation qui est toujours fort haute et à son avantage, il atteigne à peu près la somme qui lui est demandée. Le beau-père futur est-il d’accord, il promet de livrer sa fille dans un temps marqué. Jusqu’à ce terme, l’amoureux n’a d’autre ressource auprès de sa belle que le langage des yeux, car il ne lui est pas permis de lui rendre aucune visite ni de lui parler.

Lorsqu’il va voir le père et la mère, il entre à reculons, pour ne pas les regarder en face : s’il leur parle, il tient toujours sa tête tournée