Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/211

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biter leurs femmes dans une cabane séparée, non-seulement pendant tout le temps de leurs couches, mais encore chaque fois qu’elles ont leurs indispositions périodiques.

Ces femmes ne paraissent avoir aucune inquiétude sur le temps de leur accouchement : elles ne prennent par conséquent aucune de ces précautions que la délicatesse des Européennes leur rend presque indispensables. Il arrive souvent, même en hiver, qu’étant en marche pour changer de demeure, l’instant du travail les surprend et les force de s’arrêter. Comme elles n’ont point alors de tentes prêtes, elles se contentent de s’asseoir, avec les autres femmes de la famille, au premier endroit, fut-il même couvert de neige, et elles accouchent sans paraître ressentir aucune douleur, sans témoigner du moins de mauvaise humeur, ni le moindre mécontentement. Le premier soin des femmes qui se trouvent à leur délivrance est de couvrir entièrement de neige le nouveau-né, pour l’endurcir au froid, et de l’y laisser jusqu’à ce qu'il crie : alors la mère prend son enfant, dans son sein et continue sa route avec les autres femmes. Il serait curieux de savoir comment notre médecine expliquerait cette manière d’accueillir un enfant qui de la chaleur du sein maternel passe à l’impression d’un air tel que celui de la zone glaciale.

Dès que l’on est arrivé à l’endroit où l’on doit s’établir, les nouvelles accouchées ont un logement à l’écart, et il n’est permis à per-