Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/215

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Si l’amour dans ces climats rigoureux se fait sentir assez vivement, la jalousie marche à sa suite aussi-bien que dans nos contrées ; mais les effets nen sont jamais funestes. Ils se bornent à quelques pratiques superstitieuses, et les seules peut-être au monde qui produisent quelque bien réel ; car, comme leur objet est d’éviter ou de prévenir un mal imaginaire, dans l’un et l’autre cas, elles contribuent du moins à tranquilliser le jaloux. Un Ostiak tourmenté de cette passion coupe du poil de la peau d’un ours, et le porte à celui qu’il soupçonne occasioner l’infidélité de sa femme. Si ce dernier est innocent, il accepte ce poil ; mais s’il est coupable, il avoue le fait, et convient à l’amiable avec le mari du prix de l’infidèle que le premier répudie, et que l’autre épouse. Ils agissent tous de bonne foi dans ces circonstances ; et de manière ou d’autre, le jaloux est délivré de toute inquiétude.

Ils se persuadent que, dans le cas où un homme coupable d’adultère serait assez hardi pour accepter le poil qu’on lui présente, l’âme de l’ours dont il provient ne manquerait pas de le faire périr au bout de trois jours. Si l’homme soupçonné du crime continue à se bien porter, tous les soupçons du jaloux s’évanouissent, il se croit dans son tort, et met tous ses soins à les faire oublier à sa femme.

Une paresse excessive, commune à tous ces peuples, tient les Ostiaks dans une perpétuelle inaction, à moins que le besoin de pour-