d’être submergés, et souvent ils se noient, pour ne pas abandonner leur proie. Quelquefois, à cette pêche, un canot est emporté par les vents, et ballotté par les tempêtes durant huit jours, et les pêcheurs reviennent enfin, sans autre guide ni boussole que la lune et le soleil, à demi-morts de faim, mais couverts de gloire.
Cependant c’est aussi pour l’utilité que les Kamtchadales vont à la pêche des otaries à crinière. La graisse et la chair en sont très-bonnes au goût, mais désagréables à l’odorat, disent quelques personnes, à qui sans doute ce mets ne saurait plaire : car il est rare que le premier de ces sens adopte ce que l’autre rejette, ou que le second repousse ce qui convient au premier. Mais quelle que soit la graisse de ce phoque, que des gens comparent à celle du mouton pour le goût, à la cervelle pour la substance, sa peau du moins est bonne à faire des souliers et des courroies ; et c’en est assez pour que l’homme use à l’égard de l’otarie à crinière du droit de domination, c’est-à-dire du droit de mort qu’il s’est donné sur tous les animaux.
L’otarie, chat marin, n’a que la moitié de la grosseur de l’otarie à crinière : il ressemble du reste au phoque, qui est de la grosseur d’un bœuf ; mais il est plus large vers la poitrine, et plus mince vers la queue. Il naît les yeux ouverts et gros comme ceux d’un jeune bœuf, avec trente-deux dents, suivies et fortifiées de