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plus, et plutôt dans l’automne qu’au printemps.

Les Kamtchadales ont trois manières de prendre les baleines. Au midi, on se contente d’aller avec des canots leur tirer des flèches empoisonnées, dont elles ne sentent la blessure qu’au venin qui les fait enfler promptement, et mourir avec des douleurs et des mugissemens effroyables. Au nord, vers le 60e. degré, les Oliotoures, qui habitent la côte orientale, prennent les baleines avec des filets, faits de courroies de morse, qui sont larges comme la main. On les tend à l’embouchure des baies. Arrêtés par un bout avec de grosses pierres, ces filets flottent au gré de la mer, et les baleines vont s’y jeter et s’y entortiller de façon à ne pouvoir s’en débarrasser. Les Oliotoures s’en approchent alors sur leurs canots, et les enveloppent de nouvelles courroies avec lesquelles on les tire à terre pour les dépecer.

Les Tchouktchis, qui sont à cinq degrés plus au nord, font la pêche de la baleine comme les Européens et les Groënlandais, qui sont placés à la même hauteur du pôle, c’est-à-dire, qu’ils les prennent avec des harpons. Cette pêche est si abondante, qu’ils négligent les baleines mortes que la mer leur donne gratuitement. Ils se contentent d’en tirer la graisse, qu’ils brûlent avec de la mousse, faute de bois ; mais ils ne la mangent point comme les Kamtchadales ; aussi ne sont-ils pas sujets à être empoisonnés. Cet accident est très-commun aux peuples que la paresse ou la faim