Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/337

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ses barbes ou fanons à coudre leurs canaux, à faire des filets pour prendre d’autres poissons ; sa mâchoire inférieure à des glissoires pour les traîneaux et des manches de couteaux. Ses intestins leur servent de barrils, ses vertèbres de mortiers, ses nerfs et ses veines de cordes pour les piéges qu’ils tendent aux renards.

Avant de terminer cet article de la baleine, il ne faut pas omettre une erreur que Kracheninnikov relève dans Steller. Ce naturaliste, d’après le témoignage de gens qui disaient avoir vu des inscriptions latines sur des harpons de fer qu’on avait trouvés dans des baleines mortes, jetées sur les côtes du Kamtchatka, conclut que ces baleines venaient du Japon. Mais comment se persuader, dit Kracheninnikov, que, dans une distance si longue, et dans une mer parsemée d’un si grand nombre d’îles, ces baleines n’aient été arrêtées nulle part sur les côtes ? Comment les Kamtchadales et les peuples barbares qui fréquentent le Kamtchatka ont-ils pu discerner ces lettres latines, eux qui ne savent lire aucune, sorte de caractères, dans quelque langue que ce soit ? Car, avant notre arrivée, poursuit l’observateur russe, il n’y avait point encore eu de Cosaque qui sut ce que c’était que des lettres latines. Kracheninnikov aurait pu ajouter que tous les peuples qui font la pêche de la baleine ignorent également le latin, à moins que quelque Allemand n’ait eu la fantaisie de faire graver des inscriptions latines sur des harpons de baleine. Mais