ces poissons dans les rivières, cet attrait est plus fort que le coûtant des flots qu’il leur fait remonter malgré la plus grande rapidité.
Quand un poisson est las de lutter contre cet obstacle, il s’enfonce dans un endroit plus calme de la rivière pour reprendre des forces. N’en a-t-il point assez en lui-même, il s’attache à la queue d’un autre poisson plus vigoureux qui l’entraîne à sa suite dans les passages rapides et périlleux. Aussi voit-on la plupart de ces poissons que l’on pêche avoir la queue entamée ou mordue. Il y en a qui vont mourir dans le sable ou sur le rivage plutôt que de retourner à la mer, du moins avant la saison.
Steller dit que, lorsqu’ils sont forcés d’y revenir, quoiqu’ils aiment à garder l’embouchure des rivières où ils sont nés, quelquefois ils en sont écartés par les tempêtes, et jetés sur le cours d’un fleuve étranger. C’est pourquoi l’on voit, dans certaines années, une rivière abonder de cette sorte de poissons, tandis qu’une autre en manque tout-à-fait. Quelquefois on est dix ans avant de revoir dans une rivière les poissons qui en ont perdu l’embouchure. Cet accident n’arrive que lorsque les jeunes poissons qui gagnent la mer en automne y sont accueillis par la tempête. S’ils y entrent dans un temps calme, comme c’est l’ordinaire, ils n’ont qu’à s’enfoncer dans un endroit profond ; ils y sont à l’abri de l’orage, l’agitation des tempêtes ne se faisant jamais sentir plus bas qu’à soixante sagènes de profondeur. Ainsi l’aigle et le sau-