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Cependant on en prend beaucoup moins à cette sorte de battue qu’à la chasse. Ce dernier exercice, aussi amusant qu’utile, demande de l’adresse : l’automne en est la saison. On va dans les endroits couverts de lacs ou de rivières entrecoupés de bois ; on nettoie des avenues à travers ces bois, d’un lac à l’autre ; on lie ensemble des filets qui sont attachés à de longues perches, et qu’on peut tendre ou lâcher au moyen d’une corde, dont on tient les deux bouts. Sur le soir, on tend ces filets à la hauteur du vol des canards. Ces oiseaux viennent s’y jeter d’eux-mêmes en si grand nombre et avec tant de force, qu’ils les rompent souvent, et volent à travers en passant d’un lac à l’autre, ou rasant la surface de l’eau le long d’une rivière.

Ces canards tiennent lieu de baromètre et de girouette aux Kamtchadales, avec cette différence, qu’ils indiquent plutôt le temps à venir que le temps actuel, et qu’ils tournent et volent contre le vent qu’ils annoncent. Mais ces pronostics ne sont pas infaillibles.

Le Kamtchatka n’a dans ses rochers que des oiseaux de proie. À la cime de ces rochers sont les nids des aigles, qui ont six pieds de diamètre, sur trois ou quatre pouces de hauteur. Tous les jeunes aiglons sont blancs comme le cygne ; ensuite les uns deviennent gris, les autres bruns, ou couleur d’argile ; les autres noirs, et les autres tachetés de noir et de blanc. Les aigles mangent le poisson, et les Kamtchadales mangent l’aigle : c’est ainsi que