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Leurs dromadaires, qu’ils tondent tous les ans comme les moutons, leur fournissent une grande quantité de poil laineux, que les Russes et les Boukhariens achètent.

Ce n’est que depuis peu de temps qu’ils ont des bêtes à cornes ; ils les ont d’abord enlevées aux Kalmouks. Quelquefois ils se servent de leurs bœufs pour montures ; quand ils les destinent à cet usage, ils leur percent la cloison du nez comme aux chameaux.

Leurs moutons, comme ceux des Kalmouks, sont à large queue. La salure des steppes, dont ils mangent même la terre grasse et imprégnée de sel, entretient et provoque leur appétit, et donne à leur chair un goût exquis. Le mouton est la nourriture ordinaire des Kirghis. On envoie de leurs agneaux jusqu’à Saint-Pétersbourg, pour la table de la cour.

Les peaux d’agneaux de Kirghis sont fort recherchées, et sont un des objets les plus importans de leur commerce : ce sont les plus belles après celles de la Boukharie. Les peaux de la première qualité sont lustrées et comme damassées ; celles de la seconde ont une frisure très-fine.

Quand un Kirghis voit son troupeau se multiplier au-delà de ses espérances, il ne croit pas avoir reçu pour lui seul les bienfaits du ciel ; il lui en témoigne sa reconnaissance en les partageant avec les pauvres.

Les Kirghis, en général, vivent dans l’aisance. C’est un des peuples nomades qui con-