Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le khan est le chef suprême ; mais c’est un titre sans puissance : on lui prodigue les marques du respect le plus profond ; mais on lui obéit mal, et quelquefois même on ne se conforme pas du tout à ses ordres, quand ils ne s’accordent pas avec la volonté publique. Il ne trouverait pas un seul combattant qui voulût le suivre, si ses projets guerriers étaient désapprouvés par la nation.

Les Kirghis ont pour lois le Koran, leurs usages et le bon sens de leurs chefs. Ceux-ci sont les juges.

Le meurtrier peut être poursuivi et cherché par les parens du mort. S’ils le trouvent, ils ont le droit de le tuer ; mais s’il a pu se soustraire à leur vengeance pendant un an, il lui est permis d’acheter sa sûreté en leur payant une amende d’un esclave, de cent chevaux et de deux chameaux.

On ne paie que la moitié de cette amende pour le meurtre d’une femme, pour celui d’un esclave, pour dédommager une fille de son honneur ravi.

Si, dans une querelle, un homme, a le pouce coupé, l’offenseur doit lui donner cent moutons, et vingt, pour le petit doigt. On est puni avec beaucoup de sévérité pour avoir pris un homme par la barbe : c’est la plus grave des insultes.

Le voleur est condamné à rendre dix fois la valeur de ce qu’il a pris. On n’est pas admis à prêter serment dans sa propre cause. Si l’ac-