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étaient assiégés de cousins, et nous ne pouvions pendant la nuit fermer l’œil. Lorsqu’il pleuvait un peu, ou que le temps étaient couvert, les cousins redoublaient de fureur ; on ne se garantissait les mains et les jambes qu’en mettant des bas et des gants de peau. Les cousins sont en bien plus grande quantité sur les bords de l’eau que sur les bâtimens, et quelque chose qu’on fasse, on en est toujours couvert. Je risquai un jour d’aller sur le rivage ; je ne puis exprimer tout ce que je souffris : mes mains et mon visage furent aussitôt remplis de petites pustules qui me causaient une démangeaison continuelle : je regagnai vite le bâtiment, et je me soulageai bientôt en me lavant avec du vinaigre. Nous nous aperçûmes à la fin que les cousins qui nous tourmentaient la nuit ne venaient pas à travers les rideaux, mais qu’ils montaient d’en bas entre les rideaux et le lit. Il était aise de leur ôter ce passage ; nous arrêtâmes les rideaux dans le lit, et nous n’étions plus interrompus dans notre sommeil. Pour pouvoir tenir pendant le jour dans nos cabanes, il fallait y faire une fumée continuelle. Le mal était moindre quand il faisait du vent ; il ne fallait alors qu’ouvrir les fenêtres. Les cousins ne supportent pas le vent, et comme il y en avait toujours un peu sur le pont, ils étaient dispersés. Quand il faisait froid, il n’y avait plus de cousins ; ils restaient dans les bâtimens, attachés aux murs et comme morts ; mais la moindre chaleur les faisait revivre.