cheva, nous nous rendîmes, avec peu de suite, au fameux lac salé, dont la forteresse a pris son nom, et qui est éloigné de six verstes à l’est. Ce lac est une merveille de la nature ; il a neuf verstes de circonférence, et est presque rond ; ses bords sont couverts de sel, et le fond est tout rempli de cristaux salins. L’eau en est extrêmement salée ; et quand le soleil y donne, tout le lac paraît rouge comme une belle aurore. Le sel qu’il produit est blanc comme la neige, et se forme tout en cristaux cubiques : il y en a une quantité si prodigieuse, qu’en très-peu de temps on pourrait en charger beaucoup de vaisseaux, et que dans les endroits où l’on en a pris une certaine quantité, on en retrouvé de nouveau cinq ou six jours après. Les provinces de Tobolsk et d’Yeniséik en sont abondamment fournies, et ce lac suffirait encore à la fourniture de cinquante provinces semblables. La couronne s’en est réservé le commerce, comme celui de toutes les autres salines. À peu de distance de ce lac, sur une colline assez élevée, est un corps-de-garde de dix hommes, qui sont postés là pour prendre garde que personne, excepté ceux qui sont autorisés par la couronne, n’emporte du sel. Ce sel, au reste, est d’une qualité supérieure ; rien n’approche de sa blancheur, et l’on n’en trouve nulle part qui sale aussi bien les viandes. »
Nos voyageurs continuent leur route sur les bords de l’Irtich, tandis que leurs bâtimens, chargés de provisions, les suivent sur la rivière.