Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/144

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aussi sur les différens des grands, il a pour cette fonction un conseil d’état dont les officiers se nomment kungis ou kunis. Il les envoie souvent, avec le titre de commissaires souverains, pour faire exécuter ses sentences ; et ces commissions lui rapportent de grosses sommes.

Au reste, la politique des cubosamas dédommage le daïri de l’obéissance qu’on a cessé de lui rendre, car il est l’objet d’un culte religieux qui approche des honneurs divins. La nation japonaise, accoutumée, comme on l’a fait remarquer, à voir en lui un descendant des dieux et des demi-dieux, est entrée sans peine dans toutes les vues qu’on s’est efforcé de lui inspirer. Les daïris sont regardés comme des pontifes suprêmes, dont la personne est sacrée : ils contribuent eux-mêmes à soutenir cette opinion, comme le seul fondement de grandeur qui leur reste. Kœmpfer rapporte quelques exemples de leurs usages. « Un daïri croirait profaner sa sainteté, s’il touchait la terre du bout du pied. S’il veut aller quelque part, il faut que des hommes l’y portent sur leurs épaules. Il ne s’expose jamais au grand air, ni même à la lumière du soleil, qu’il ne croit pas digne de luire sur sa tête. Telle est la sainteté des moindres parties de son corps, qu’il n’ose se couper ni les cheveux, ni la barbe, ni les ongles ; on lui retranche ces superfluités pendant son sommeil, parce que l’office qu’on lui rend alors passe pour un vol. Autrefois il était