Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

concurrens, et par la destruction de toute sa famille.

Le daïri, suivant l’usage de ses prédécesseurs, prend douze femmes, et partage les honneurs du trône avec celle qui est mère du prince héréditaire.

L’habillement du daïri est assez simple : c’est une tunique de soie noire sous une robe rouge ; et par-dessus, celle-ci une autre de crêpon de soie extrêmement fin. Il porte sur la tête une sorte de chapeau avec des pendans assez semblables aux fanons d’une mitre d’évêque ou de la tiare du pape ; mais il affecte d’ailleurs une magnificence qui va jusqu’à la profusion. On prétend qu’on lui prépare chaque jour un somptueux souper, avec une grande musique, dans douze appartemens du palais, et qu’après qu’il a déclaré celui dans lequel il veut manger, tout cet appareil y est réuni sur une seule table. Cela n’est pas beaucoup plus extraordinaire que ce que nous avons vu parmi nous plus d’une fois, c’est-à-dire un homme à peu près sûr de dîner tout seul se faire servir un repas de quinze personnes.

Tous ceux qui composent la cour du daïri se vantent d’être descendus comme lui d’une race de demi-dieux. Quelques-uns possèdent de riches bénéfices, et s’y retirent pendant une partie de l’année : cependant la plupart demeurent enchaînés religieusement à la personne sacrée de leur chef, qu’ils servent dans les dignités dont il lui plaît de les revêtir. On