Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/214

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la presse de ceux qui visitent les temples.

Tous les Japonais ne poussent pas si loin le fanatisme ; mais l’esprit de pénitence est assez commun dans la religion de Boudso. Un grand nombre de ces idolâtres commencent le jour, dans les plus rigoureux froids de l’hiver, par se faire verser sur la tête et sur tout le corps, jusqu’à deux cents cruches d’eau glacée, sans qu’on remarque en eux le moindre frémissement ; d’autres entreprennent de longs pèlerinages, marchant nu-pieds, par des chemins fort rudes, sur des pointes de cailloux, à travers les ronces et les épines, la tête découverte, bravant les ardeurs du soleil, la pluie, le froid, grimpant au sommet des rochers les plus escarpés, courant avec une vitesse inconcevable dans les lieux où les daims et les chamois passeraient avec moins de hardiesse, et marquant à ceux qui les suivent le chemin tracé de leur sang. Quelques-uns font vœu d’invoquer leurs dieux des milliers de fois par jour, prosternés contre terre, frappant chaque fois le pavé de leur front, qui en demeure écorché. Le pèlerinage que certains bonzes, nommés damabagis, disciples de Xaca, font de temps en temps, et que les plus zélés sectateurs entreprennent à leur exemple, peint si bien les emportement de leur superstition, qu’il mérite d’être rapporté dans toutes ses circonstances, d’après le nouvel historien du Japon, qui les a recueillies de plusieurs mémoires dont il garantit la sûreté.