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toute la nuit. Ils furent détrompés le lendemain, en reconnaissant qu’on n’avait vu que des nuages ; mais les signes qui reparurent heureusement à l’ouest leur firent reprendre cette route avec moins d’inquiétude. Les oiseaux et les poissons ne cessaient plus de se présenter en grand nombre ; on vit des poissons ailés, tels que les Portugais en rencontraient souvent dans leur route aux Indes orientales, des dorades, des empereurs ; et l’on reconnut que la violence des courans était fort diminuée. Colomb se fortifiait lui-même par tous ces signes, et n’apportait pas moins d’attention à ceux du ciel : il observa que pendant la nuit l’aiguille variait de plus d’un quart de cercle, et que le jour elle demeurait fixe au nord. Les deux étoiles qu’on nomme les gardes étaient ensemble à l’occident pendant la nuit ; et lorsque le jour commençait à paraître, elles se rencontraient au nord-est : il expliquait toutes ces apparences aux pilotes, qui en marquaient autant de crainte que d’étonnement, et la confiance qu’il trouvait le moyen de leur inspirer se communiquait aux équipages.

Le 1er. d’octobre un pilote jugea qu’on était à cinq cent quatre-vingt-huit lieues des Canaries ; un autre, qu’il y en avait six cent trente-quatre ; et le troisième, qu’on n’en avait pas fait moins de six cent cinquante. Colomb était sûr d’en avoir fait sept cent sept : mais pour éloigner tout ce qui était capable de causer de l’effroi, il assura froidement que, suivant son calcul, il