Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/281

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ger, qu’ils avaient traité avec tant de mépris, devint à leurs yeux le plus grand de tous les hommes, et les excès de leur joie furent portés jusqu’à l’admiration.

Il donna sur-le-champ à l’île le nom de San-Salvador, qu’elle n’a pas conservé. En continuant d’approcher, on vit bientôt le rivage bordé d’hommes nus, qui donnèrent de grandes marques d’étonnement ; on fut informé dans la suite qu’ils avaient pris les trois caravelles pour des animaux. L’amiral se fit conduire à terre dans une barque armée, l’épée à la main et l’étendard déployé. Les commandans des deux caravelles suivirent son exemple ; avec leurs enseignes, sur lesquelles on voyait d’un côté une croix verte avec une F, et de l’autre, plusieurs FF couronnées à l’honneur de Ferdinand. Tous les équipages s’étant empressés de débarquer, baisèrent humblement la terre, et rendirent grâces au ciel du succès de leur voyage. Chacun renouvela aux pieds de Colomb les témoignages de sa reconnaissance et de sa soumission, en lui prêtant serment de fidélité sous le double titre de vice-roi et d’amiral. Ensuite, après avoir planté une croix sur le rivage, il prit possession de l’île pour la Castille au nom de leurs majestés catholiques. Si l’on avait pu expliquer aux naturels du pays ce que c’était que cette prise de possession, il est probable qu’ils en auraient été encore plus étonnés que de tout ce qu’ils voyaient. Les insulaires, observant qu’on écrivait dans cette cé-