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des feuilles d’or. Leur passion, ou plutôt celle de l’amiral, était de porter de l’or en Castille.

Le 21 décembre l’amiral reçut une députation du roi Guacanagari, qui le faisait prier de se rendre à sa cour, et qui lui envoyait un présent assez riche ; c’était un masque dont les oreilles, la langue et le nez étaient d’or battu, avec une ceinture de la largeur de quatre doigts, bordée d’os de poisson fort menus, et travaillés en forme de perles. L’amiral promit aux députés d’aller voir incessamment leur maître ; mais il se crut obligé par la prudence d’y envoyer d’abord quelques-uns de ses officiers. Ceux qu’il chargea de cette commission revinrent si satisfaits de l’accueil et des présens du roi, qu’il ne balança point à faire le même voyage. Guacanagari faisait son séjour ordinaire à quatre ou cinq lieues du port de Saint-Thomas. Le fruit de cette entrevue fut un traité de commerce qui parut établir la confiance. On vit aussitôt un concours surprenant d’hommes de tout âge et de tout sexe autour des deux caravelles. Les grains d’or, le coton et les perroquets furent prodigués aux Castillans. Ceux qui visitèrent les bourgs y furent traités comme des hommes célestes. Cette heureuse prévention ne diminuait point dans l’esprit des insulaires. Ils baisaient la terre où les Castillans avaient passé, et tous les biens de l’île étaient comme abandonnés à leur discrétion.

La mer fut extrêmement agitée pendant deux jours ; mais, au retour du beau temps, l’amiral