Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/334

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bre d’honnêtes gens. Sans doute les motifs qui le faisaient parler n’étaient pas très-purs ; mais il serait difficile de nier qu’il n’y eût beaucoup de vérité dans ce qu’il disait.

L’amiral résolut de porter la guerre aux caciques ennemis de sa colonie ; mais avant son départ il revêtit son frère d’un titre qu’il crut capable de le faire respecter ; ce fut celui d’adelantade, ou lieutenant-général dans toutes les Indes occidentales. La cour d’Espagne trouva d’abord assez mauvais qu’un emploi de cette importance eût été donné sans sa participation ; mais elle ne laissa point de le confirmer. Au fond, don Barthélemi en était digne, : il entendait parfaitement la navigation ; il avait de la prudence et du courage. Tous les historiens conviennent qu’il aurait pu rendre de grands services à l’Espagne, si son humeur un peu violente n’eût excité des jalousies et des haines qui firent manquer plusieurs fois ses plus sages mesures.

Cependant quelques jours de réflexions firent juger à l’amiral que le petit nombre de troupes avec lequel il se proposait de tenir la campagne pourrait être accablé par les Américains réunis. Il crut devoir tenter la surprise et la ruse avant de faire éclater ses desseins. Caonabo lui paraissant le plus redoutable des caciques, il tourna tous ses soins à le faire enlever au milieu de ses états ; il savait que ce prince, qui prenait le titre de maguana, faisait beaucoup plus de cas du cuivre et du lai-