Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/338

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cate, un des frères de Caonabo. L’adelantade entreprit sur-le-champ de l’attaquer ; il trouva peu de résistance. Ces malheureux insulaires, dont la plupart n’avaient que leurs bras pour défense, ou qui n’étaient pas accoutumés du moins à des combats fort sanglans, furent étrangement surpris de voir tomber parmi eux des files entières par le prompt effet des armes à feu ; de voir trois ou quatre hommes enfilés à la fois avec les longues épées des Espagnols ; d’être foulés aux pieds des chevaux, et saisis par de gros mâtins qui, leur sautant à la gorge avec d’horribles hurlemens, les étranglaient d’abord, ou les renversaient, et mettaient facilement en pièces des corps nus, dont aucune partie ne résistait à leurs dents. Bientôt le champ de bataille demeura couvert de morts : les autres prirent la fuite ; on les poursuivit, et les prisonniers furent en grand nombre. L’amiral employa neuf ou dix mois à faire des courses qui achevèrent de répandre la terreur dans toutes les parties de l’île. Il rencontra plusieurs fois les trois caciques avec le reste de leurs forces, et chaque rencontre fut une nouvelle victoire ; car c’est de ce nom que les historiens appellent cet exécrable abus de la force destructive contre la faiblesse désarmée.

Après les avoir assujettis, l’amiral leur imposa un tribut, qui consistait pour les voisins des mines à payer par tête, de trois en trois mois, une petite mesure d’or ; et pour tous les autres, à fournir vingt-cinq livres de coton.