Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/377

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il le découvrit entièrement ; c’était de l’or : un grand cri qu’il jeta, dans l’étonnement de voir un grain si gros, fit accourir aussitôt ses maîtres. Il ne le virent pas avec moins d’admiration ; et, transportés de joie, ils firent tuer un porc, le firent servir à leurs amis sur ce grain, qui se trouva assez grand pour le tenir tout entier, et se vantèrent d’être plus magnifiques en vaisselle que les rois catholiques. Bovadilla l’acheta pour leurs majestés ; il pesait trois mille six cents écus d’or ; et les orfèvres, après l’avoir examiné, jugèrent qu’il n’y en aurait que trois cents de diminution dans la fonte. On y voyait encore quelques petites veines de pierre, mais qui n’étaient guère que des taches, et qui avaient peu de profondeur. Cette découverte étant sans exemple, on peut juger combien elle anima les espérances de ceux qui s’occupaient à la même recherche.

Cependant on apprit, à la cour la manière dont les habitans d’Espagnola étaient traités, et le roi et la reine en conçurent une égale indignation. Le rappel de Bovadilla était déjà résolu comme une satisfaction que leurs majestés croyaient devoir à l’amiral ; elles nommèrent pour succéder au gouvernement de l’île don Nicolas Ovando, commandeur de Larex, de l’ordre d’Alcantara ; ses provisions ne furent que pour deux ans ; on lui fit équiper en diligence une flotte de trente-deux voiles, sur laquelle on embarqua deux mille cinq cents hommes, sans y comprendre les