Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/383

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au gouverneur de l’île espagnole, il est impossible de représenter les regrets de la cour et de toute l’Espagne. Ainsi périt en un moment le fruit de tant de tyrannie et de violence. L’or fut englouti ; et il ne resta que le souvenir des crimes qu’il avait coûtés.

La seule personne de distinction qu’on vit arriver en Espagne avec les débris de la flotte, fut Rodrigue de Bastidas, homme d’esprit et d’honneur, qui, s’étant associé avec Jean de la Cosa pour tenter de nouvelles découvertes, avait armé deux navires à Cadix, et s’était mis en mer dès le commencement de l’année précédente, avec commission du roi. Il avait cherché la terre-ferme par la même route que l’amiral avait suivie dans son troisième voyage ; et, du golfe de Vénézuéla, où il était arrivé heureusement, il avait poussé sa navigation jusqu’au golfe d’Uraba, cent lieues plus loin que ceux qui l’avaient précédé. Il avait nommé Carthagène le port où l’on a vu naître depuis une fameuse ville du même nom ; et, continuant de suivre la route à l’ouest, il avait découvert un autre port qu’il avait appelé port del Retrette, nom qui s’est changé dans la suite en celui de Nombre de Dios. Ses deux vaisseaux n’étant plus en état de tenir la mer, il était venu pour les radouber à Espagnola, où ils avaient échoué sur la côte de Xaragua. De là, s’étant rendu par terre à San-Domingo, il y avait été fait prisonnier par Bovadilla, sous prétexte qu’il avait traité avec les insulaires sans la par-