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sens n’en sont pas les témoins et les juges.

Les Koriaks à rennes n’ont point de fêtes, peut-être par la raison qu’ils n’ont pas de domicile : car les Koriaks fixes célèbrent tous les ans une fête d’un mois, pendant laquelle, enfermés dans leurs habitations sans aucun travail, ils passent le temps à se régaler et à se réjouir.

Les Koriaks errans, plus sauvages sans doute que les fixes, ne divisent l’année que par quatre saisons, ne distinguent les vents que par les quatre points cardinaux de l’horizon. La grande ourse est pour eux le renne sauvage ; les pléiades sont le nid du canard ; Jupiter est la flèche rouge ; la voie lactée est la rivière parsemée de cailloux. Chaque peuple retrouve dans les cieux, par l’imagination, ce que ses yeux voient sur la terre.

Les distances, chez les Koriaks, se mesurent par journées, et les journées varient depuis trente jusqu’à cinquante verstes de chemin.

Avant l’arrivée des Russes, les Koriaks ne savaient pas ce que c’était que prêter serment de fidélité ; mais enfin on leur a inculqué cette idée par des signes très-expressifs. « Les Cosaques, au lieu de les faire jurer sur la croix ou l’Évangile, leur présentent le bout du fusil, leur faisant entendre que celui qui ne sera pas fidèle à son serment, ou qui refusera de le prêter, n’échappera pas à la balle toute prête à le punir. » C’est aussi la méthode qu’on emploie pour terminer les affaires dou-