Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/92

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leur faire toutes les questions qui me venaient à l’esprit. Ils ne me refusaient aucune instruction, jusqu’à me révéler, lorsque nous étions seuls, les choses mêmes sur lesquelles ils doivent garder un secret inviolable. Ces informations particulières m’ont été d’un grand usage pour recueillir les matériaux nécessaires à l’histoire du Japon que je méditais ; cependant peut-être ne me serais-je jamais vu en état d’exécuter mon dessein, si, parmi d’autres occasions favorables, je n’avais eu le bonheur de rencontrer un jeune homme sage et discret, par l’entremise duquel je reçus les lumières qui me manquaient encore. Son âge était d’environ vingt-quatre ans ; il entendait en perfection le japonais et le chinois. À mon arrivée, on me le donna pour me servir, et en même temps pour étudier sous moi la médecine et la chirurgie. Le bonheur qu’il eut de traiter avec succès, sous ma direction, l’ottona, qui est le principal officier de notre île, lui fit obtenir la permission de demeurer à mon service pendant mon séjour au Japon, qui fut de deux ans. Ce seigneur souffrit même qu’il m’accompagnât dans nos deux voyages à sa cour ; c’est-à-dire, qu’il allât quatre fois d’une extrémité de l’empire à l’autre ; faveur qui s’accorde rarement à des personnes de cet âge, et qu’on n’avait jamais accordée à qui que ce soit pour un temps si long. Comme je ne pouvais parvenir à mon but sans que ce jeune homme sût le hollandais, je lui enseignai cette langue avec tant de soin,