Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/107

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rien pendant les dissensions de Nicuessa et de Vasco Nugnez de Balboa, il avait accompagné Valdivia dans le voyage qu’il devait faire à San-Domingo ; mais, à la vue de la Jamaïque, leur caravelle avait échoué sur les bancs de Los Alacranes. De vingt hommes qu’ils étaient, sept étaient morts de fatigue et de misère. Les autres, ayant pris terre dans une province nommée Maya, étaient tombés entre les mains d’un cruel cacique qui avait commencé par sacrifier à ses idoles Valdivia et quatre de leurs compagnons, dont il avait ensuite mangé la chair. Aguilar et les autres avaient été réservés pour la première fête, et renfermés dans une cage où l’on prenait soin de les engraisser ; mais ils avaient trouvé le moyen d’en sortir, et marchant pendant plusieurs jours au travers des bois, sans autre aliment que des herbes et des racines, ils avaient rencontré des Américains qui les avaient présentés à un autre cacique, ennemi du premier et moins barbare, sous le pouvoir duquel ils avaient mené une vie assez douce, quoique forcés continuellement à de pénibles travaux. Tous les compagnons de son malheur étaient morts successivement, à l’exception d’un matelot, nommé Gonzalez Guerrero, natif de Palos, qui avait épousé une riche Américaine dont il avait plusieurs enfans. Pour lui, que son attachement pour la religion avait toujours éloigné de ces coupables mariages, il était parvenu, après diverses épreuves, à mériter l’affection et la