Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/109

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leurs casaques, piquées : à l’approche du jour, les vaisseaux furent rangés en demi-lune, dont la forme allait en diminuant jusqu’aux chalouppes qui terminaient les deux pointes : la largeur de la rivière laissant assez d’espace pour s’avancer dans cet ordre, on affecta de monter avec une lenteur qui invitait les Américains à la paix. Aguilar fut député encore une fois pour l’offrir ; mais leur réponse fut le signal de l’attaque. Ils s’avancèrent à la faveur du courant jusqu’à la portée de l’arc, et tout d’un coup ils firent pleuvoir sur la flotte une si grande quantité de flèches, que les Espagnols eurent beaucoup d’embarras à se couvrir ; mais, après avoir soutenu cette première attaque, ils firent à leur tour une si terrible décharge de leur artillerie, que la plupart des Américains, épouvantés d’un bruit qu’ils n’avaient jamais entendu, et de la mort d’une infinité de leurs compagnons, abandonnèrent leurs canots pour sauter dans l’eau. Alors les vaisseaux s’avancèrent sans obstacle jusqu’au bord de la rivière, où Cortez entreprit de descendre sur un terrain marécageux et couvert de buissons ; il y fallut soutenir un second combat : les Américains qui étaient embusqués dans les bois, et ceux qui avaient quitté leurs bateaux, s’étaient rassemblés pour revenir à la charge. Les flèches, les dards et les pierres incommodèrent beaucoup les Castillans ; mais Cortez eut l’habileté de former un bataillon sans cesser de combattre, c’est-à-dire que les