Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/141

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temps ; la plupart des conseillers y étaient préparés, et les autres n’y pouvaient rien opposer. Toutes les voix s’accordèrent à recevoir la démission de Cortez, mais à condition qu’il reprendrait aussitôt le commandement au nom du roi, et qu’on informerait le peuple de cette élection. Elle n’eut pas été plus tôt publiée, qu’on vit éclater la joie par de vives acclamations. Ceux qui prirent le moins de part à la satisfaction publique se virent forcés de dissimuler leur mécontentement. Ensuite le conseil, accompagné de la plus grande partie des soldats, qui représentaient le peuple, se rendit solennellement à la tente de Cortez, et lui déclara que la ville de la Vera-Cruz, au nom du roi catholique, l’avait élu gouverneur de la nouvelle colonie, et général de l’armée castillane, en plein conseil, avec la connaissance et l’approbation de tous les habitans.

Il reçut les deux charges avec tout le respect qu’il aurait eu pour le roi lui-même, dont on employait le nom et l’autorité ; et dès ce moment il donna ses ordres avec un caractère de grandeur et de confiance qui détermina tout le monde à la soumission. Il fit mettre aux fers, sur les vaisseaux, Ordez, Escudero, et Jean Vélasquez, trois chefs de la faction opposée. Cette fermeté jeta la terreur dans l’esprit des autres, surtout lorsqu’il eut déclaré que son dessein était de faire le procès aux séditieux. Mais pendant qu’il marquait une sévérité feinte, il employait toute son