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conquérant du Pérou, était de cette expédition, et que Fernand Cortez, qui devait en être, fut retenu par une maladie. L’escadre arriva au port que Rodrigue Bastidas avait découvert en 1501, et qu’il avait nommé Carthagène. Les Espagnols n’y avaient encore aucun établissement : ils savaient que les habitans du pays étaient de haute taille, extrêmement braves ; qu’ils avaient l’usage d’empoisonner leurs flèches, et que les femmes n’y excellaient pas moins que les hommes à tirer de l’arc et à lancer la zagaie. Christophe Guerra et d’autres Espagnols, qui avaient visité cette côte depuis Bastidas, les avaient peu ménagés ; et, pour s’établir dans leur pays, il fallait se préparer à la guerre : la Cosa, qui craignait leurs flèches venimeuses, était d’avis d’abandonner leurs côtes, et de passer dans le golfe d’Uraba, dont les habitans étaient moins féroces ; mais Ojéda, se fiant à son courage et au bonheur qu’il avait eu dans toutes ses expéditions de ne recevoir aucune blessure, rejeta ce conseil timide, et prit le parti d’attaquer les Américains, qui se disposaient à l’investir : il en tua un grand nombre. Quelques prisonniers qu’il força de lui servir de guides le conduisirent à la vue de leurs habitations. Les fugitifs s’étaient ralliés dans un champ voisin, et parurent prêts à soutenir une seconde attaque : leurs armes étaient des boucliers et des épées d’un bois très-dur, des arcs et des flèches garnies de pointes d’os fort aiguës, et des zagaies qu’ils lançaient fort habi-