Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/189

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vivres que l’armée des Tlascalans était rompue, leur incertitude dura jusqu’au lendemain. Mais les sentinelles découvrirent au point du jour une troupe d’Américains qui s’avançaient vers le camp, et Cortez donna l’ordre qu’on leur laissât la liberté d’approcher. C’était l’ambassade du sénat, composée de quatre vénérables personnages, dont l’habit et les plumes blanches annonçaient ouvertement la paix. Ils étaient environnés de leur cortége, après lequel marchaient quantité de tamènes, chargés de toutes sortes de provisions. Ils s’arrêtaient par intervalles, avec de profondes inclinations de corps vers le camp des Espagnols ; et, baissant les mains jusqu’à terre, ils les portaient ensuite à leurs lèvres. À quelques pas des murs, ils rendirent leurs derniers hommages par des encensemens qu’ils firent au fort. Marina parut sur le bord du rempart, et leur demanda dans leur langue de quelle part et dans quelles vues ils se présentaient. Ils répondirent qu’ils étaient envoyés par le sénat et la république de Tlascala pour traiter de la paix. On ne leur refusa point l’entrée ; mais Cortez les reçut avec un appareil de grandeur et un air de sévérité qu’il jugea nécessaire pour leur inspirer du respect et de la crainte. Après avoir recommencé leurs révérences et leur encensement, ils exposèrent le sujet de leur députation, qui se réduisit à des excuses frivoles, tirées de l’emportement brutal des Otomies, que toute l’autorité du sénat n’avait pu réprimer, et à