Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cortez ne formât de plus grandes entreprises, et n’employât leurs armes à la conquête de l’empire. Il paraît étonnant qu’avec de si justes soupçons il n’assemblât point une armée pour sa défense. Mais on observe dans toute sa conduite qu’il se fiait beaucoup aux artifices de sa politique, et que son espérance était encore de rompre l’union qui pouvait se former entre les Espagnols et les Tlascalans. C’était dans cette vue qu’il envoyait une ambassade à Cortez, sous prétexte de le féliciter de l’heureux succès des ses armes, et de l’exhorter à traiter sans ménagement leurs ennemis communs, pour lesquels il se flattait de lui inspirer de la défiance et de la haine par les plus odieuses peintures de leur mauvaise foi. D’ailleurs ses ambassadeurs avaient ordre de faire de nouvelles instances au général étranger, pour lui faire abandonner le dessein de se rendre à sa cour, en lui expliquant avec des apparences d’amitié les raisons qui ne permettaient pas à leur maître de lui accorder cette liberté. Leurs instructions portaient aussi de reconnaître la situation des Tlascalans ; et, s’ils les voyaient portés à la paix, de faire naître assez d’obstacles au traité pour se donner le temps de s’informer du succès de leur négociation.

Cortez les reçut avec d’autant plus de joie et de civilité, que le silence de ce monarque commençait à lui causer de l’inquiétude. Il marqua une extrême reconnaissance pour leurs