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gnes presque inaccessibles lui donnaient communication avec les Otomies, les Totonaques et d’autres nations barbares. Il s’y trouvait quantité de bourgs et de villages fort peuplés. Le pays abondait en maïs, d’où la province tirait le nom de Tlascala, qui signifie Terre de pain. On n’admirait pas moins l’excellence et la variété de ses fruits, et l’abondance de ses animaux sauvages et domestiques. Elle produisait aussi quantité de cochenille, qui est encore une de ses plus grandes richesses, et dont Solis assure que ces peuples ne connaissaient pas l’usage avant l’arrivée des Espagnols. Mais ces avantages de la nature étaient balancés par de grandes incommodités. Le voisinage des montagnes exposait la province à de furieuses tempêtes, à des ouragans terribles, et souvent aux inondations d’une rivière nommée Zahual, dont les eaux s’élevaient jusqu’au sommet des collines. On leur attribue la propriété de causer la gale à ceux qui en boivent et qui s’y baignent. Le défaut de sel était un autre inconvénient pour les Tlascalans, non qu’ils n’en pussent tirer des provinces de l’empire en échange pour leurs grains ; mais, dans leurs idées d’indépendance, ils aimaient mieux se priver de ce secours que d’entretenir le moindre commerce avec leurs ennemis. Une politique de cette nature, et d’autres remarques qui firent connaître à Cortez le caractère extraordinaire de cette nation ne lui causèrent pas moins d’inquiétude que de surprise. Il dissi-