Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/237

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tité de belles plumes. Quatre des principaux seigneurs de l’empire marchaient autour de lui, et soutenaient au-dessus de sa tête un dais de plumes vertes tissues avec tant d’art, qu’elles formaient une espèce de toile mêlée de quelques figures en argent. Trois des principaux magistrats le précédaient, armés chacun d’une verge d’or qu’ils levaient par intervalles pour avertir que l’empereur approchait. À ce signal, tout le peuple, dont les maisons étaient couvertes, se prosternait et baissait le visage ; lever les yeux dans cette occasion était un crime qu’on ne distinguait pas du sacrilége. Cortez descendit de cheval à quelque distance de Montézuma, et ce prince mit en même temps pied à terre. Quelques officiers étendirent aussitôt des tapis dans l’intervalle.

L’empereur s’avança lentement avec beaucoup de gravité, les deux mains appuyées sur les bras des princes d’Istacpalapa et de Tezcuco, ses neveux ; il fit ainsi quelques pas vers Cortez. Son âge paraissait d’environ quarante ans ; il avait la taille de hauteur moyenne, mais plus dégagée que robuste, le nez aquilin, et le teint moins basané que le commun des Américains ; ses cheveux descendaient jusqu’au-dessous des oreilles ; ses yeux étaient fort vifs, et toute sa personne avait un air de majesté dans lequel on remarquait néanmoins quelque chose de composé. Sa parure était un manteau de coton très-fin, attaché simplement sur ses épaules, assez long pour lui couvrir la plus