connaître qu’il ne se livrait pas légèrement à des témoignages étrangers. Enfin, revenant à la considération que les Mexicains devaient aux descendans de leur premier roi, il s’applaudit particulièrement de voir accomplir sous son règne une prophétie qui s’était conservée depuis tant de siècles. Cortez fit tourner adroitement le discours sur la religion ; mais se bornant à vanter la morale du christianisme, qui venait naturellement à la suite des éclaircissements qu’il avait donnés sur les lois de sa nation, il en prit occasion de se récrier avec beaucoup de force contre les sacrifices du sang humain, et contre le barbare usage de manger la chair des victimes. Ses représentations durent être fort vives, puisqu’à la fin de cette première audience Montézuma bannit de sa table les plats de chair humaine. Cependant il n’osa le défendre absolument à ses sujets ; et, loin de se rendre sur l’article des sacrifices, il soutint qu’il n’y avait pas de cruauté à tuer au pied des autels des prisonniers de guerre qui étaient déjà condamnés à la mort. Cortez ne put lui faire entendre (disent les historiens) que sous le nom de son prochain on dût compter jusqu’à ses ennemis. Il faut avouer que, s’il ne le lui fit pas comprendre par ses discours, il put y réussir encore moins par ses exemples.
Dans les conversations que l’aumônier de Cortez eut souvent avec ce prince, on observe qu’il ne put jamais lui faire abandonner le principe dans lequel il se renfermait toujours ;