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la dignité de son rang dans l’opinion des Mexicains. Entre ceux qui ne pouvaient se persuader qu’il fût libre, les uns, condamnant la conduite de Qualpopoca, louèrent celle de leur souverain, et donnaient le nom de grandeur d’âme à l’effort qu’il avait fait d’engager sa liberté pour faire connaître son innocence. D’autres étaient persuadés que leurs dieux, avec lesquels ils lui supposaient une communication familière, lui avaient inspiré ce qu’il y avait de plus convenable à sa gloire. Les plus sages respectaient sa résolution sans se donner la liberté de l’examiner, d’autant plus qu’il exerçait les fonctions impériales avec la même régularité. Il donnait ses audiences, et tenait son conseil aux mêmes heures. Les affaires de l’état n’étaient pas plus négligées ; et ce qui surprenait les Espagnols mêmes, chaque jour semblait augmenter pour eux sa confiance.

On apportait du palais impérial tout ce qui devait être servi sur sa table. Le nombre des plats était beaucoup plus grand qu’il ne l’avait jamais été, et ceux auxquels il n’avait pas touché étaient aussitôt distribués aux soldats espagnols ; il connaissait tous les officiers par leurs noms, et l’on remarqua qu’il avait même étudié la différence de leur génie et de leurs inclinations. La familiarité dans laquelle il vivait avec eux leur fit croire à la fin qu’il avait oublié ses ressentimens, ou que les témoignages continuels qu’il recevait de leur respect et de leur affection l’avaient persuadé qu’ils n’a-