Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/263

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il donna d’abord quelques marques de chagrin et d’impatience ; mais ces mouvemens s’apaisèrent bientôt, et son malheur lui parut une disposition du ciel, dont il attendit la fin avec assez de constance. D’un autre côté, les Espagnols pressaient l’exécution des coupables. Ils avaient reçu avis quelques jours auparavant que, dans une maison impériale, nommée Tlacochalco, il y avait un amas de lances, d’épées, de boucliers, d’arcs et de flèches, qu’ils craignirent de voir quelque jour employés contre eux. Ils en avaient parlé à Montézuma, et ce prince leur avait répondu naturellement que c’était un ancien magasin d’armes tel que ses prédécesseurs l’avaient toujours eu pour la défense de l’empire. L’occasion leur parut favorable pour se délivrer d’un sujet d’alarme. Ils employèrent toutes ces armes à composer le bûcher dans lequel Qualpopoca et ses complices furent brûlés. Cette action eut pour témoins tous les habitans de la ville, sans qu’on entendît aucun bruit qui pût causer le moindre soupçon. Il semblait, dit un historien, qu’il fut tombé sur les Mexicains un étourdissement qui tenait tout à la fois de l’admiration, de la terreur et du respect. Leur surprise était extrême de voir exercer une juridiction absolue par des étrangers, et ils n’avaient pas la hardiesse de mettre en question un pouvoir qu’ils voyaient établi par la soumission de leur souverain.

Après l’exécution, Cortez se hâta de retourner à l’appartement de Montézuma, qu’il salua