Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/271

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rain faisait impression sur les caciques, se hâta de les rassurer en leur déclarant que l’intention du roi son maître n’était pas d’introduire une nouvelle forme de gouvernement dans l’empire, et qu’il ne demandait que l’éclaircissement de ses droits en faveur de ses descendans ; mais qu’au reste il était si éloigné du Mexique, et partagé par tant d’autres soins, qu’on ne verrait peut-être de long-temps l’effet des anciennes prédictions ; mais il n’en accepta pas moins la disposition qui venait de se faire en faveur des Espagnols. Il faut convenir qu’on n’a point vu dans l’histoire un autre exemple d’un aventurier qui, sans être même avoué par son souverain, jeté pour ainsi dire au milieu d’un grand empire avec cinq cents hommes, se voit offrir par le maître de cet empire un hommage et un tribut qu’il n’avait pas même demandés.

Cette fameuse cérémonie, qui a fait le principal titre de l’Espagne pour justifier la conquête du Mexique, fut accompagnée de toutes les formalités qui pouvaient lui faire mériter le nom d’acte national. Peu de jours après, Montézuma fit remettre à Cortez les riches présens qu’il tenait prêts : c’étaient quantité d’ouvrages d’or curieusement travaillés, des figures d animaux, d’oiseaux et de poissons du même métal ; des pierres précieuses, surtout un grand nombre de celles que les Mexicains nommaient chalcuites, de la couleur des émeraudes, et qui leur tenaient lieu de diamans ; de fines