Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/30

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de la côte, lorsqu’un furieux coup de mer ouvrit le brigantin du Flamand, et l’ensevelit dans les flots à la vue de l’autre, sans qu’il fût possible d’en sauver un seul homme. Les vents ne cessant point d’être contraires, Pizarre se vit forcé de retourner au continent vers le port qui avait reçu le nom de Carthagène. En approchant du rivage, il découvrit en mer un navire et un brigantin : c’était Enciso qui revenait d’Espagnola avec cent cinquante hommes d’élite, et toutes les provisions nécessaires pour l’établissement d’une colonie. Comme il croyait encore Ojéda dans sa fortune, il ne douta point, à la vue de Pizarre et de sa troupe, qu’ils ne fussent des transfuges qui avaient abandonné leur général ; et Pizarre ne guérit ses soupçons qu’en lui montrant par écrit la commission qu’il avait reçue d’Ojéda : mais ils n’en furent pas plus disposés à s’accorder, lorsque Enciso eut déclaré qu’en vertu de leurs conventions avec le gouverneur, ils devaient retourner tous et l’attendre à Saint-Sébastien. Cette proposition les ayant fait frémir, ils le conjurèrent avec les dernières instances de ne les pas reconduire dans un lieu dont le seul nom devait leur faire horreur après ce qu’ils y avaient souffert ; et s’il ne voulait pas leur permettre de retourner à Espagnola, ils le priaient de consentir du moins qu’ils allassent joindre Nicuessa dans la Castille d’or. Enciso se garda bien de permettre que cette province fut peuplée aux dépens de la Nouvelle-Andalousie ; il employa les